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Les incroyables porteurs de soufre du KAWAH IJEN
Et dire que nous avons failli faire l’impasse ! Après la randonnée très matinale pour voir le lever de soleil sur le volcan Bromo et son spectaculaire cratère, nous ne pensions pas enchaîner le lendemain avec la courte mais raide ascension du Mont Ijen pour y découvrir son lac d’acide sulfurique aux eaux turquoises et sa mine de soufre. Il a suffi d’une rencontre de deux minutes avec un photographe professionnel après le retour du Bromo pour nous convaincre. « incroyable »… « expérience unique »… « 100 fois moins touristique que le Bromo »… « beauté exceptionnelle ».
Et bien c’est vrai, tout est vrai. Le Kawah ijen vous transporte dans un monde extraordinaire. Après 1 ½ heure de marche, en compagnie des porteurs de soufre, on débouche sur une vue incroyable aux bords du cratère. Lorsque les fumées d’émanation de soufre se dissipent, le lac bleu turquoise et la cheminée de soufre apparaissent dans toute leur splendeur. C’est subjuguant ! Les enfants ont adoré, les fumées aux senteurs d’œufs pourris un peu moins.
Les touristes les plus téméraires descendent au bord du lac d’acide avec les porteurs jusqu’à la mine de souffre bien que cela soit interdit et en reviennent bouleversés. « je n’ai jamais rien vue de si beau »… « c’est le travail le plus dur que j’ai jamais vu »… « c’est un des moments les plus forts dans ma vie » : ce sont les quelques témoignages de randonneurs souvent français que j’ai recueillis auprès du cratère.
Mais il y a de quoi, les photos parlent d’elles-mêmes. Les porteurs sont à moins de 3 mètres des eaux acides dont la température avoisine en temps normal 25 °C et un peu plus de 50°C lorsque le volcan travaille. Ils récoltent le soufre à tour de rôle à la sortie des tuyaux en métal de 20 centimètre de diamètres. Ces derniers liquéfient les vapeurs avant qu’elles ne se cristallisent à leur sortie en de grosses cataractes jaunes et presque orange pour les moins dures.
C’est en redescendant que nous faisons la connaissance de Suritari, 35 ans récoltant et porteur de soufre depuis plus de 10 ans.
Sa femme travaille dans les plantations de café d’arabica aux alentours du Kawah Ijen comme beaucoup d’autres.
Ils ont 2 jeunes garçons de 2 et 3 ans. Suritari effectue aujourd’hui son deuxième trajet. Il nous fait essayer le portage. Une latte en bambou directement sur l’épaule et dans les 2 paniers d’osiers plus de 60 kg de soufre pur. Avec Constant, on est fier de soulever les paniers et aussi très content de les reposer, le poids et les frottements sont impressionnants.
Suritari nous montre ses cicatrices et ses épaules déformées comme les 350 porteurs du Kawah ijen.
Ce travail est harassant, épuisant. Tout le long du chemin, nous apercevons des paniers coincés entre deux pierres à hauteur d’épaule, le porteur assis à côté pour se reposer.
Ici pas de place pour une réflexion sur la pénibilité au travail. En discutant avec Suritari, il nous explique qu’il fait deux trajets par jour, quatre à cinq fois par semaine, chaque aller-retour lui prend au moins 4 à 5 heures. Nous comprenons qu’il gagne 1800 roupiah par kilo, nous verrons par la suite que chaque kilo lui rapporte seulement 800 roupiah. Il nous invite à le suivre jusqu’à la pesée et au paiement de sa « récolte » du jour. Sur la balance un premier sac du premier trajet du matin (40 kg) puis le second (60 kg). Pour 100 kg et ses 8 heures de travail déjà effectuées à 10 heures du matin Suritari gagne 82 000 roupis soit 5 euros ! C’est aussi pour ça que ce travail est réputé être l’un des plus durs au monde. Le soufre servira au raffinage du sucre de canne dans les fabriques des alentours.
Plus qu’une marche, cela a été une expérience : marcher derrière les porteurs, voir leur dos se déformer sous le poids, leur visage grimacer lorsqu’ils posent leur charge, éviter de les déranger dans la descente… Nous avons tous été très impressionnés par ce travail qui rappellerait plutôt les forges de titan. Nous avons vu de très près le courage de ces hommes qui donnent leur force pour une poignée de roupiahs, quelques euros.
Merci à Claude Chauvin qui nous a convaincu de vivre cette expérience et merci à Suritari d’avoir partagé de son temps pour nous expliquer et faire vivre son quotidien.
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Commentaires
2Famille CherouxJeudi 19 Juin 2014 à 14:30Coucou. J'ai vu un reportage à la télé la dessus il n'y a pas longtemps.. Très impressionnant... Ça devrait rester un temps fort de votre séjour. Bisous. Caro&co3D. DrevonJeudi 19 Juin 2014 à 19:084Famille Durand-LoseJeudi 19 Juin 2014 à 23:40Hello les cousins,
Toute la famille vous suit depuis quelques semaines. Merci de nous faire partager vos émotions et vos belles images. Merci pour ce témoignage édifiant et émouvant. On vous embrasse très fort. Caroline, Jérôme, Jeanne-Cornouaille, Paul-Trégor, Charles-Elorn et Eugène-Fréhel
5mamiemoVendredi 20 Juin 2014 à 19:17merci pour ce grand reportage dans la soufrière , je comprend votre admiration pour tous ces travailleurs pour qui le portage et la pénébilité n'est plus un problème mais un gagne pain à la sueur de leur front pour notre bien être et que savons-nous d'eux?
Merci de nous faire participer à vos excursions et je pense en voyant les visages des uns et des autres que vous rentrerez avec des tonnes de souvenirs.Merci bisous à tous
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BRAVO ET MERCI POUR NOUS FAIRE PROFITER DE CETTE EXPERIENCE. Quel exemple.!